
Place Castellane
A partir de 1774, dernière année du règne de Louis XV, la ville de MARSEILLE put, grâce à des dons faits par les propriétaires, prolonger la rue de Rome, qui s’arrêtait à la porte de Rome (actuelle place de Rome), en réalisant une avenue plantée d’arbres, tandis que le marquis de Castellane-Majastre faisait don des terrains situés à l’extrémité de cette nouvelle avenue et prenait à sa charge les frais de construction d’une place qui porte toujours son nom.
Passé la révolution, s’installe l’empire. Le Maire Antoine-Ignace d’ANTHOINE, nommé baron de Saint joseph en 1808, est en grâce avec le gouvernement car il a épousé une des sœurs CLARY, étant ainsi beau-frère de Joseph BONAPARTE et du maréchal BERNADOTTE, époux de Désirée CLARY, futurs roi et reine de Suède. C’est certainement en raison de ses liens que la ville décide d’élever sur la place Castellane un obélisque en hommage à l’Empereur Napoléon 1er.
En 1835, Marseille se termine à la place Castellane, encore peu bâtie, car à part l’obélisque, une fontaine et un lavoir, il n’y a qu’un propriétaire au N°16 et avant cette maison, un constructeur de moteurs à vapeur, un charron et un forgeron.
L’accroissement de l’activité économique et le doublement de la population de Marseille en moins de trente seront à l’origine de la percée des rues adjacentes qui portent les noms des riches familles qui y bâtirent des immeubles et y installèrent des industries (Falguière et ses machines à vapeur, Jourdan-Brive et ses ateliers de mécanique). Avant la fin du 19ème siècle, tout était habité.
En 1882 l’éclairage électrique était installé sur la place Castellane, à titre expérimental. Celui-ci ne sera étendu à la Canebière qu’en 1888. Un marché public animait les alentours de la place ; il y avait aussi, un commissariat de police, les premiers cabinets médicaux, une pharmacie, la salle de spectacles et de musique « L’Eldorado » qui deviendra une salle de cinéma. Déjà sur le pourtour s’ouvraient brasseries, cafés et restaurants sous l’ombrage des grands platanes.
La place Castellane était, avec le Prado, le lieu de revues militaires, de défilés avec, en 1904, l’arrivée du tour de France.
L’obélisque vivait ses dernières années sur la place et le tramway électrique remplaçait le fiacre et les calèches.
Au début du XXème siècle, Jules CANTINI, industriel et mécène, offrit à la ville d’édifier une fontaine monumentale, à la gloire de l’eau, en lieu et place de l’obélisque. La ville acceptant sa proposition, cette fontaine fut construite en deux ans et inaugurée le 12 novembre 1911.
Aujourd’hui, la place Castellane est, plus que jamais, une des principales vitrines de notre ville et les touristes qui la traversent ne s’y trompent pas en mitraillant, pacifiquement, sa fontaine avec leurs appareils photos. Si l’Eldorado a disparu depuis longtemps, la tradition du spectacle est maintenue par la présence du cinéma « Le César ». Si les palmiers ont avantageusement remplacé les platanes, lui donnant un petit air de Côte d’Azur, les cafés et les restaurants sont toujours-là, générant une belle animation, notamment les soirs de victoire de l’OM.
Sans la générosité de Jules CANTINI, elle n’aurait pas l’attrait joyeux et touristique que nous lui connaissons aujourd’hui car, malgré son grand âge (251 ans), elle n’a jamais été aussi jeune.